samedi 26 septembre 2009

Fierté masculine

L'accouplement. Certainement l'évènement le plus important dans la vie d'un organisme. La raison même de son existence. Afin de réussir ce noble but, les êtres vivants nous offrent, comme à leurs habitudes, un panel de stratégies plus farfelues les unes que les autres. En voici quelques petits exemples que j'ai trouvés au détour d'un papier sur la compétition spermatique. (Ludovic Arnaud, 1999).

Les mâles, en particulier chez les insectes, ont un grand problème dans la vie : faire des bébés. Les femelles étant très généralement polyandres (c'est à dire qu'elles s'accouplent avec plusieurs mâles), la garantie de paternité est très loin d'être assurée. Alors ces derniers redoublent d'idées pour changer tout ça. Par exemple, Necroscia sparaxes (espèce de phasme) prolonge l'accouplement de façon indécente : 79 jours. Ainsi il empêche sa dulcinée d'aller voir ailleurs. Paternité garantie.

Photo d'une espèce cousine de Necrosia sparaxes (pas de photos dispo). Une stratégie reproductrice qui en bouche un coin ! (pardon pour cette blague hautement graveleuse)

D'autres, comme Scatophaga stercoraria (mouche dont le nom devrait vous faire deviner son identité), rencontrent leurs partenaires sur des bouses, et dès qu'ils commencent l'accouplement s'envolent avec elles loin des autres mâles. La densité de concurrents diminuant, le mâle augmente ses chances de réussite.

Deux Scatophaga stercoraria vacant à leurs occupations. (Photographie prise par le généreux et sympatique site : http://aramel.free.fr)

Un autre exemple est celui du chantage : le mâle Abedus herbeti accepte de s'occuper des oeufs, de les porter, et d'ainsi mettre sa vie en danger à l'unique condition que la femelle ne se reproduise qu'avec lui.

Et des stratégies comme ça, il en existe bien d'autres, mais une a vraiment retenu mon intention par son côté bigrement cocasse. Chez l'espèce Cotesia rubecula, la femelle ne reste réceptive que quelque temps après l'accouplement. Donc le mâle doit s'assurer que celle ci ne sera pas approchée pendant ce court laps de temps. Non, il ne va pas au front et affronte les autres mâles, non il ne planque pas la femelle, non, rien de tout cela. Il fait tout simplement ressortir son côté féminin. Il se met dans une posture hautement attirante pour les mâles avoisinants et les aguiche comme le ferait une femelle. Ainsi, les concurrents, subjugués en oublient la femelle dont la réceptivité ne fait que diminuer jusqu'à disparaître. Bingo, même si sa fierté masculine en prend un coup, le succès est total : il s'est reproduit, et s'est assuré de la paternité.

Cotesia rubecula

En bref, quand vous aurez du temps et envie de vous marrer un peu, lisez ce papier (cité en intro). Je précise tout de même que toutes les réflexions anthropocentrées que je fais sont purement pour le style ;).